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Les Combattants

Publié le par Rosalie210

Thomas Cailley (2014)

Les Combattants

Je n'avais pas trop accroché au premier long-métrage de Thomas CAILLEY la première fois que je l'avais vu peu de temps après sa sortie. Le revoir m'a permis de le réévaluer. Il était sans doute un peu en avance sur son temps car en 2014 on ne parlait pas autant de fin du monde et de survivalisme. Encore que l'on puisse rapprocher "Les Combattants" d'un film comme "Take Shelter" (2011) qui est sorti dans la même période.

"Les Combattants" est assez difficile à cerner parce qu'il s'agit d'un film "gender fluid" au sens propre comme au sens figuré. Il joue avec de nombreux genres du cinéma en glissant de l'un à l'autre de manière imperceptible. Ce n'est pas par hasard que le poisson et l'élément aquatique (piscine, pluie, rivière, neige) occupent une place si importante dans le film. On a donc plusieurs films en un: une chronique sociale avec les frères menuisiers, une screwball comédie new look/âge, un film de bidasses, une robinsonnade et enfin un film catastrophe flirtant avec l'iconographie du récit post-apocalyptique. Et à ce mélange des genres cinématographiques correspond une inversion carabinée des stéréotypes assignés aux genres sexués. Arnaud (Kevin Azaïs) est un garçon très doux et féminin qui n'a pas encore quitté le nid familial et n'a pas d'idée claire de son avenir. Le voilà confronté à une fille rebelle et musclée aux yeux mitraillettes (Adèle HAENEL) et au caractère mal embouché qui veut faire un stage dans l'armée pour apprendre à survivre dans un monde qu'elle pense sur le point de s'effondrer. Une adepte de la collapsologie avant la lettre (ou du moins avant que celle-ci n'occupe le devant de la scène médiatique). Lui est fasciné par sa rage et sa détermination (c'est à dire tout ce qui lui manque). Elle pense qu'elle n'a besoin de personne mais une fois plongée dans le grand bain (tant social qu'environnemental) elle va se prendre veste sur veste. Entre eux cela fait des étincelles et leurs échanges, parfois très drôles sont tout à fait dans la lignée des screwball comédies de Howard HAWKS et George CUKOR (la scène du maquillage est un must). Mais il s'agit aussi d'un récit initiatique où chacun se révèle différent de ce qu'il paraissait. Arnaud l'altruiste s'adapte mieux aux attentes de l'armée que Madeleine l'individualiste. Mais comme il n'est là que pour elle, il la suit dans son rêve/cauchemar d'île déserte bientôt soumise à un véritable déchaînement apocalyptique. Et c'est lui qui l'aide à traverser toutes ces épreuves, elle qui finit par s'abandonner et reconnaître qu'elle ne peut pas tout affronter toute seule.

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