Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Jeune fille de l'eau (Lady in the Water)

Publié le par Rosalie210

M. Night Shyamalan (2006)

La Jeune fille de l'eau (Lady in the Water)


"La jeune fille de l'eau" est une variation sur "Le Village" (2004). Les deux films dépeignent en effet une communauté vivant en circuit fermé comme pour se protéger de l'insoutenable cruauté du monde extérieur. La tragédie vécue par Cleveland, le concierge joué par Paul GIAMATTI est tout à fait comparable à celles des habitants du Village. Le décor de "La jeune fille de l'eau" est d'ailleurs encore plus explicite avec sa résidence formant une véritable muraille autour d'une esplanade de béton trouée en son milieu par une piscine plus ou moins circulaire. Des arroseurs automatiques en fonctionnement permanent entourent la résidence et servent de dérisoire délimitateur de frontière.

Il y a cependant une différence fondamentale avec "Le Village" (2004): alors que le premier film dépeignait une communauté soudée par une histoire fondatrice et un ensemble de croyances communes générées par les anciens, le second réinvente le mythe de la tour de Babel avec sa micro-société cosmopolite divisée en petites cellules qui ne communiquent pas entre elle. Le seul lien entre eux est Cleveland. Ce n'est pas par hasard s'il est un ancien médecin et que son identité fictionnelle est celle d'un guérisseur. C'est par lui que le fantastique s'introduit dans cet univers au travers de sa rencontre avec Narf, la nymphe aquatique dotée du don de divination (Bryce Dallas HOWARD), sorte d'ange tombé sur terre ou plutôt surgi des eaux pour réenchanter le monde. Cependant hors de son élément naturel, ses jours sont comptés et Cleveland va se mettre en quatre pour l'aider à rentrer chez elle. C'est cette association qui va tisser du lien entre tous ces gens disparates autour d'une histoire prenant la forme d'un jeu de rôles dont les tenants et les aboutissants se révèlent au fur et à mesure que le film avance, les objets les plus banals du quotidien recélant leur part de signes cachés. M. Night SHYAMALAN célèbre le pouvoir fédérateur de la fiction sans omettre ses prolongements politiques puisqu'il joue dans le film le rôle d'une sorte de prophète promis au martyre mais dont les écrits serviront de socle à la refondation de la civilisation. Ludique, fantastique, politique, ésotérique, poétique, biblique, sa fable revêt de multiples facettes. Le film, un peu maladroit n'est pas totalement abouti sur le plan scénaristique tant il ouvre de pistes sans les exploiter totalement mais si on adhère à ses postulats de départ (car si ce n'est pas le cas, il peut paraître juste naïf voire ridicule), il donne matière à réflexion.

Commenter cet article