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Léo le dernier (Léo the Last)

Publié le par Rosalie210

John Boorman (1970)

Léo le dernier (Léo the Last)
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La première partie de la vie de Léo, un petit garçon enfermé dans un corps d'adulte se déroule entre les 4 murs de sa somptueuse propriété de Notting Hill. Prince déchu, dernier membre de sa lignée (d'où le titre du film), il s'ennuie à mourir dans une vie d'exilé qui n'a pas de sens. Neurasthénique, il passe son temps à observer avec une longue-vue la vie des oiseaux dont il envie la liberté. Jusqu'au jour où il découvre qu'en face de chez lui, vivent des afro-caribéens très pauvres dont il se met à suivre le quotidien. On est alors quelque part entre "Fenêtre sur cour" (1954) pour l'assouvissement de la pulsion scopique du voyeur et "La Vie des autres" (2004) par le fait qu'il s'attache à eux, se sent concerné par leurs problèmes et leur détresse et veut intervenir pour les aider. Longtemps passif et impuissant car pris au piège de ses contradictions (il brandit un sabre en se proclamant pacifiste, il provoque la mort d'une des personnes qu'il veut sauver en le gavant de nourriture), il finit par briser la glace (à tous les sens du terme) et par franchir la barrière pour sortir la jeune Salambo Mardi (Glenna FORSTER-JONES) du piège de la prostitution dans laquelle elle est tombée suite à l'arrestation de son compagnon Roscoe (Calvin LOCKHART).

Léo, c'est ce doux rêveur milliardaire à la Frank CAPRA qui veut donner sa fortune aux pauvres et ainsi renverser les barrières sociales et raciales. Il conserve intacte son innocence en dépit des vautours de tous poils qui l'entourent et pompent son énergie vitale. Une scène très révélatrice du fossé qui le sépare du milieu qui lui a été assigné à la naissance (l'aristocratie dégénérée) est celle de la cérémonie new-âge de bain collectif naturiste dans la piscine censé lui redonner sa vitalité. Pendant que les autres s'extasient, lui se sent juste mouillé et gêné. Il en va de même lors des scènes d'orgie dont il s'exclue toujours. Logique qu'après avoir intrigué pour s'emparer de son héritage ou pour le manipuler afin de prendre le pouvoir ils tentent de le faire interner lorsqu'il décide de changer sa rue à défaut de pouvoir changer le monde. La principale retouche consistant à abattre sa maison qui barrait la rue et à redistribuer les biens restant entre les habitants. Tout un symbole.

Entre ironie et tendresse, John BOORMAN réalise une fable humaniste très personnelle sur le métissage et la justice sociale. Son film (prix de la mise en scène à Cannes) est lui-même un étonnant melting-pot de cultures et de tons, entre flegme british, bouffonnerie italienne et musiques afro-américaines (c'est l'un des rares films d'auteur de l'époque à avoir ainsi mis au premier plan des acteurs noirs). Léo et sa communauté d'adoption partagent un même destin d'immigrés et finissent par s'unir pour sortir de leurs exclusions respectives. Marcello MASTROIANNI est exceptionnel dans le rôle de ce Léo lunaire d'une douceur infinie. Injustement oublié, indisponible en DVD, ce film doit absolument être redécouvert.

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