La Cible vivante (The Great Flamarion)
Anthony Mann (1945)
"La cible vivante" est une oeuvre de jeunesse de Anthony MANN, non exempte de maladresses. Des personnages peu nuancés, une abondance de dialogues donnant une impression de théâtre filmé au détriment de la narration par l'image ne permettent pas à ce film d'atteindre le niveau d'un "Assurance sur la mort" (1944) avec lequel il partage pourtant certaines caractéristiques dont son récit en flashback de la bouche d'un agonisant qui se confesse avant de mourir. Il faut dire que "La cible vivante" tout en étant un film noir typique des années 40 se situe également dans l'univers du music-hall d'où sont provenus nombre d'artistes du septième art. Il y a une continuité jusque dans le titre entre le ventriloque de "The Great Gabbo" (1929)" et le tireur d'élite de "The Great Flamarion" (titre en VO de "La cible vivante") avec dans les deux cas Erich von STROHEIM dans le rôle de la vedette de cabaret misanthrope et tourmentée (voire même criminelle comme dans "Le Masque de Dijon") (1946). Sauf que film noir oblige, il est ici la marionnette d'une redoutable manipulatrice, Connie (Mary Beth HUGHES) qui l'utilise pour se débarrasser de son mari devenu trop encombrant (Dan DURYEA qui officiait à la même époque chez Fritz Lang). La femme fatale et ses jeunes amants étant caricaturaux au possible, c'est Flamarion qui suscite le plus d'intérêt, Erich von STROHEIM jouant sur plusieurs registres comme il joue de la gâchette dans le film. Ses revolvers acquièrent d'ailleurs une troublante dimension érotique notamment par le fait que les tirs très précis de Flamarion peuvent déshabiller Connie sans la blesser.
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