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Jane (Becoming Jane)

Publié le par Rosalie210

Julian Jarrold (2007)

Jane (Becoming Jane)

Le titre est mensonger. Il ne s'agit pas d'un biopic sur Jane Austen mais d'une fiction autour des quelques éléments biographiques que nous connaissons d'elle. "Jane" fait partie d'une mode commerciale qui consistait alors à broder des histoires d'amour (superficielles) autour d'écrivains célèbres dont nous ne connaissons finalement que peu de choses. Pour attirer le client-spectateur, on met donc l'accent sur la romance à partir de la trame (revue et maladroitement corrigée) de "Orgueil et Préjugés" et le tour est joué. S'il ne peut y avoir de happy end (car nous savons que Jane Austen ne s'est jamais mariée), le scénario s'abstient de trop insister sur le milieu et l'époque dans lesquels vit Jane Austen. Et pour cause. L'amour, présent dans ses romans sert de compensation au fait que dans la réalité il était cruellement absent. La réalité pour les femmes de cette époque et de ce milieu était glaçante. Dépourvues de moyens de subsistance propre, dépendantes par conséquent de leurs parents et époux, infériorisées juridiquement, elles étaient traitées comme des marchandises à vendre au plus offrant. Cette forme de prostitution implicite s'appelle le mariage forcé (Virginia Woolf parle du fait que pour faire céder les filles, leurs parents les enfermaient, les frappaient et les traînaient dans leur chambre) ou le mariage arrangé/négocié dans le moins pire des cas c'est à dire avec le consentement de la jeune femme. Mais avec un tel déséquilibre de statut entre les sexes, même le meilleur des hommes finissait par se transformer en tyran domestique alors que le viol conjugal était la règle. Dans ces conditions, rester célibataire et vivre de sa plume était le seul moyen d'échapper à cet esclavage. 

Tout cela, le film n'en parle pas puisqu'il confond la fiction et la réalité historique. Certes il montre en arrière-plan le maquignonnage matrimonial, réfléchit par moments au statut compliqué de la femme écrivain mais cela reste du saupoudrage. Cette fantaisie divertissante est néanmoins plaisante à regarder grâce à sa belle photographie et son interprétation soignée. Anne HATHAWAY est trop sentimentale et pas assez (pas du tout même) caustique mais James McAVOY réussit à sortir son personnage des sentiers battus, c'est déjà ça.

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