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Le Figurant (Spite marriage)

Publié le par Rosalie210

Edward Sedgwick (1929)

Le Figurant (Spite marriage)

Les historiens du cinéma ont tendance à estimer que la carrière de Buster KEATON a périclité à partir du moment où il a signé à la MGM et perdu le contrôle de ses films. C'est inexact. "Le Caméraman/L Opérateur" (1928) est un chef-d'oeuvre et le film suivant "Le Figurant" (1929) est tout aussi excellent. Le réalisateur officiel a beau être Edward SEDGWICK, la patte de Buster KEATON est parfaitement reconnaissable que ce soit par la réflexion sur le cinéma dans "Le Caméraman" ou l'utilisation de l'espace du bateau dans "Le Figurant". En même temps il bénéficie de moyens techniques supérieurs à ses autres films, notamment en ce qui concerne la photographie vraiment superbe de Reggie LANNING qui donne un cachet années trente à ces deux comédies à la fois dramatiques et burlesques. L'utilisation d'effets sonores (superflus) dans "Le Figurant" est aussi un important marqueur temporel car il nous rappelle son avènement imminent, avènement qui sera fatal à Buster KEATON.

La trame du "Figurant" est plus subtile qu'il n'y paraît. D'ailleurs ce n'est pas le qualificatif qui convient le mieux à Elmer, le personnage joué par Buster KEATON. Celui-ci est davantage un remplaçant ou une doublure qu'un figurant. J'irai même plus loin, c'est une ombre (au sens de l'inconscient), il représente l'autre côté du miroir. Je pense en particulier à la manière dont Buster KEATON revisite "Carolina", la pièce de théâtre sur la guerre de Sécession dans laquelle joue l'actrice dont il est fou amoureux, Trilby Drew (Dorothy SEBASTIAN). Avant son intervention, c'est un mélodrame larmoyant et manichéen taillé pour le bellâtre dont Trilby est amoureuse, Lionel Benmore (Edward EARLE). La participation d'Elmer qui multiplie les gaffes dynamite la pièce (au sens figuré et au sens propre) qui devient alors hautement comique. Trilby est elle-même duale selon qu'elle est dans son état normal ou bien en proie à l'ivresse. Elle fait penser au personnage du millionnaire du film de Charles CHAPLIN, "Les Lumières de la ville" (1931) qui est snob lorsqu'il est sobre et généreux quand il a bu. Trilby dans son état normal n'aurait jamais regardé Elmer et ne l'aurait jamais épousé. La jalousie lui fait commettre des actes irrationnels. C'est lorsqu'elle est dans un état second (dans la pièce "Carolina" comme en dehors) que Elmer peut l'approcher de très près comme dans une très belle scène où il la couche inconsciente sous l'effet de l'alcool dans son lit et veut la déshabiller mais ne sait pas comment s'y prendre. Ce sont leurs retrouvailles à bord d'un bateau et les épreuves de vérité qu'ils devront y affronter qui leur permettront de se rejoindre.

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