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Deux hommes dans l'ouest (Wild rovers)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1971)

Deux hommes dans l'ouest (Wild rovers)

Si "Deux hommes dans l'ouest" est le seul western réalisé par Blake Edwards, il ne faut pas croire pour autant que ce dernier était un novice dans le genre. Il avait en effet scénarisé et/ou joué dans plusieurs westerns au début de sa carrière. Si "Deux hommes dans l'ouest" est aussi peu connu c'est qu'il a souffert des démêlés entre le réalisateur et les studios MGM qui ont massacré sa grandiose fresque de trois heures. Le film a été amputé de plus d'une heure, la fin a été changée, des ralentis superflus ont été rajoutés. Tout cela n'a pas sauvé le film qui fut un échec commercial. Une version plus fidèle a la volonté du réalisateur a vu le jour en 1986 qui est celle qui est aujourd'hui visible mais celle de trois heures est à jamais perdue. On en voit les traces dans une composition en actes avec ouverture et entracte qui peut faire penser par exemple à "2001, l'Odyssée de l espace" (1968) de Stanley KUBRICK. Lequel est également indirectement présent au travers de l'acteur Ryan O NEAL quatre ans avant qu'il ne tourne "Barry Lyndon" (1975). Quant à William HOLDEN, il avait tourné deux ans auparavant "La Horde sauvage" (1969) dans un rôle assez proche. De fait "Deux hommes dans l'ouest" aurait pu être tourné par Sam PECKINPAH tant il rappelle son style.

En effet ce film couturé mérite le détour. D'abord parce qu'il est parfaitement interprété, ensuite parce qu'il traduit l'esprit d'une époque hippie et punk de façon remarquable. William HOLDEN et Ryan O NEAL campent deux cow-boys liés par une solide amitié à caractère filial qui décident de tout plaquer du jour au lendemain. Après avoir dérobé l'argent de la banque, ils se lancent dans une odyssée où ils peuvent enfin étancher leur immense soif de liberté (scène magnifique où Ross apprivoise un cheval sauvage tandis que Frank fait des cabrioles dans la neige). Mais avec les fils revanchards de leur ancien patron à leurs trousses qui incarnent une sorte de fatalité, on sent bien que cette échappée belle finira mal. D'autant que les deux hommes n'ont rien de truands en cavale. Leur disposition pour le banditisme est tellement nulle que Ross dédommage le banquier les autres ouvriers avant de s'enfuir avec le reste de l'argent tandis que Frank ne trouve pas mieux d'embarquer un chiot dans sa fuite, tellement il le trouve mignon. La suite est à l'avenant: ils flânent, planent, profitent de l'instant, suivent leurs envies avec une insouciance qui leur sera fatale. Une fatalité accueillie d'ailleurs avec une étrange résignation comme si c'était le prix à payer pour ces quelques moments de liberté et qu'il n'y avait rien d'autre à espérer de la vie que des rêves impossibles à concrétiser. Un état d'esprit nihiliste très seventies qui donne à ce western pourtant souvent frais et joyeux une teinte crépusculaire.
 

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