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Rocky

Publié le par Rosalie210

John G. Avildsen (1976)

Rocky


"Rocky" sorti en 1976 est le reflet de son auteur: un film fauché, tourné dans des conditions précaires sur un prolétaire galérant depuis des années dans la boxe/le cinéma qui à force de persévérance finit par accrocher un bout du rêve américain. Car l'histoire d'Apollo Creed (Carl WEATHERS), ce champion confirmé qui décide de donner sa chance à un inconnu c'est Sylvester STALLONE écumant les studios pour leur faire accepter l'histoire qu'il vient d'écrire et les convaincre de lui confier le rôle principal qui le sortira d'années de vaches maigres.

Sylvester STALLONE a écrit le scénario de "Rocky" après avoir assisté au match de boxe entre Mohammed Ali et Chuck Wepner: "Chuck Wepner était un boxeur honnête et courageux qui n'avait jusque-là jamais vraiment fait parler de lui, et ce combat n'était pas tellement pris au sérieux. Contre toute attente, Wepner s'accrochait, et lorsque Mohammed Ali est tombé le public est devenu fou. Quand le dernier round est arrivé, Wepner ne saignait même pas. En tenant jusqu'au quinzième round, il entrait dans le club très fermé des boxeurs qui ont réussi à tenir la distance avec Mohammed Ali. Je suis sûr que, pour lui, c'est ce qui a compté le plus dans ce combat. Voilà que toutes ces années passées à s'entraîner prenaient soudain un sens. Quoi qu'il arrive, il pourrait garder la tête haute jusqu'à la fin de ses jours. Je venais d'être le témoin du triomphe de la volonté et j'en étais totalement bouleversé."

En dépit de sa success story (magnifiée par la musique devenue culte de Bill CONTI), L'univers que décrit "Rocky" est âpre. Le film saisit sur le vif la vie d'un quartier défavorisé de Philadelphie, un quasi-taudis où règnent la débrouille et la précarité. Cette tonalité puissante de réalisme urbain qui s'en dégage est liée au choix effectué par le chef opérateur de tourner en steadycam, un outil révolutionnaire à l'époque. Attachée au corps du technicien, cette caméra légère est dotée d'une suspension qui limite les chocs et mouvements ce qui permet une grande mobilité de filmage et notamment de longs travellings fluides. Beaucoup de plans ont été tournés à la sauvette sans autorisation ni permis avec un équipement réduit ce qui renforce encore le caractère naturaliste des scènes filmées.

En dépit des conditions de vie difficiles que l'on devine à l'aspect miteux des appartements, la saleté des rues, les bandes qui traînent la nuit, l'aspect mal fagoté des personnages, leur air de chien battu "Rocky" est aussi un film tendre envers ces oubliés du rêve américain. Rocky se définit lui-même comme un simple d'esprit dont on se moque (dans et hors du film) lorsqu'il appelle sa bien-aimée Adrian (Talia SHIRE, la sœur de Francis Ford COPPOLA qui s'était illustrée auparavant dans la saga du "Parrain") en public. Mais Adrian qualifiée par ceux pour qui travaillent Rocky "d'attardée" (et requalifiée par lui de "timide") est encore plus méprisée que lui si possible. Son frère Paulie (Burt YOUNG) qui travaille dans un entrepôt frigorifique et l'entraîneur de la salle locale Mickey (Burgess MEREDITH) complètent le tableau. Rocky ne s'entraîne pas pour gagner mais pour prouver sa valeur et restaurer sa dignité et par là même, celle du milieu dont il est issu.

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