Malec champion de tir (The High Sign)
Buster Keaton et Edward F. Cline (1920)
"Malec champion de tir" est le premier film que Buster Keaton a lui-même réalisé, du moins officiellement. En réalité, il avait prêté main-forte anonymement à certaines des réalisations de son ami Roscoe Arbuckle comme "Fatty chez lui" en 1917. "The High Sign" (en VO) est son premier film en solo. Comme il n'en était pas pleinement satisfait, il n'est cependant sorti qu'un an plus tard après six autres courts-métrages alors qu'il venait d'avoir son accident sur le tournage de "Frigo à l'Electric Hôtel".
Les réticences de Keaton peuvent s'expliquer par le fait que ce court-métrage est une sorte d'essai de l'oeuvre à venir, forcément imparfait quoique déjà de très bon niveau. "The High Sign" possède un rythme trépidant dès son ouverture sur les chapeaux de roues, et par la suite celui-ci ne faiblit jamais. Il est aussi d'une grande inventivité dans les gags. La course-poursuite finale dans la maison remplie de trappes est un grand moment qui met en lumière son sens de l'espace et de la chorégraphie ainsi que ses talents d'ingénieur tout comme la machine qu'il met au point pour faire croire aux gens qu'il est un grand tireur.
Néanmoins il manque incontestablement à "The High Sign" la profondeur métaphysique de ses meilleurs films. Comme Keaton était d'une grande exigeance, il jugeait les gags trop "faciles". Et son personnage n'avait pas encore acquis ses caractéristiques définitives. Dans ce film, il est une sorte de cousin du vagabond de Chaplin ("venu de nulle part, il n'allait nulle part et échoua quelque part") qui cherche avant tout à survivre en recourant au système D. Par conséquent, il n'hésite pas à voler (un journal, un pistolet) et à rouler les gens dans la farine avec sa machine à tirer. Une amoralité incompatible avec l'idée que Keaton se faisait de son personnage, honnête, travailleur et encaissant avec un stoïcisme à toute épreuve les pires épreuves.
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