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Mary Poppins

Publié le par Rosalie210

Robert Stevenson (1964)

Mary Poppins

Mary Poppins, c'est le film perché de Disney. Toutes les œuvres dans lesquelles il s'est impliqué le sont, mais celle-ci l'est autant au sens littéral qu'au sens figuré. Mary vit dans les nuages, les voisins des Banks ont reconstitué un navire de guerre sur le toit et s'y croient tellement qu'ils tirent régulièrement au canon. L'oncle Albert en pleine crise de fou rire invite Mary, Bert et les enfants à prendre le thé au niveau du plafond (une allusion à la fête de non-anniversaire de "Alice au pays des merveilles"). Ces derniers se promènent sur les toits, Mary joue les derviches tourneur au-dessus des cheminées pendant que Bert et ses copains font un ballet acrobatique aérien. Et cette folie est contagieuse. La banque (allégorie de l'enfer) essaye bien de s'en prémunir en chassant l'employeur de Mary mais c'est l'inverse qui se produit: M. Banks est à son tour touché par le grain de folie qui s'est répandu dans sa maison, le doyen s'envole au plafond pour y mourir de rire et ses associés jouent au cerf-volant avec les enfants.

Bien entendu cet énorme délire est habilement enveloppé dans un enrobage de convenances. A l'image de Mary d'ailleurs qui commence toujours par s'offusquer quand on lui demande de pratiquer la magie avant d'en remettre une couche (de cirage noir après être passée par la cheminée). Mais quand on la compare aux autres nounous, il n'est pas difficile de voir en quoi elle est anticonformiste. Jeune, jolie, les yeux pétillants, des éléments de fantaisie dans sa tenue qui font très "hippie chic" (les fleurs sur son chapeau, son écharpe tricotée, son parapluie qui parle et lui sert aussi d'engin volant) et de la magie dans son sac sans fond (qui a vraisemblablement inspiré celui d'Hermione dans le tome 7 de Harry Potter), elle a tout pour venir secouer le train-train du foyer Banks. Lequel n'est pas très joyeux. Le père est affairé et coincé, la mère est égocentrique et distraite, aucun n'est disponible pour s'occuper des enfants.

Comme tous les Disney de la grande époque, le film est novateur ici par sa technique mélangeant les prises de vues réelles et le dessin animé pour les séquences dans le monde enchanté. L'auteure des livres, Pamela L. Travers refusait ce mélange (comme le raconte le film "Dans l'ombre de Mary" sorti en 2013) mais Disney sut habilement l'amadouer. Robert Zemeckis a rendu un hommage direct à la séquence des pingouins dans "Qui veut la peau de Roger Rabbit" qui s'inscrit dans cette filiation technique. Et puis il y a Julie Andrews, comédienne, chanteuse et danseuse accomplie qui illumine de tout son charme le film. Un film qui lui permit de prendre une belle revanche car jugée pas assez connue elle avait été écartée de l'adaptation cinématographique de "My Fair Lady" qu'elle interprétait pourtant au théâtre.

Enfin ce film permet de voir Jane Darwell (Ma Joad des "Raisins de la colère" de John Ford) dans son dernier rôle, celui de l'émouvante dame aux oiseaux.

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