Star Wars Les derniers Jedi (Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi)
Rian Johnson (2017)
J'ai trouvé cet épisode (comme le précédent) assez inégal. Les boulets de l'épisode VII à savoir les transparents Rey et Finn n'évoluent guère et leurs acteurs sont toujours aussi insipides. L'aspect politiquement correct "United colors of Benetton" de la nouvelle trilogie est même renforcé par l'ajout d'un personnage asiatique. Il ne manque plus qu'un handicapé et le contrat sera rempli même s'il ne s'agit que de coquilles vides. À cela il faut ajouter des scènes inutiles à l'intrigue (toute la séquence sur la planète casino par exemple) qui alourdissent un film déjà trop long.
Heureusement il y a dans cet épisode la volonté de dépoussiérer la saga et de la faire coller à notre époque d'incertitudes et de remises en question. Et cela passe par la déconstruction des mythes n'en déplaisent à certains fans. Faire porter au héros de la trilogie fondatrice cette mission est un coup de génie. Mark Hamill a confessé avoir été déboussolé par le comportement de Luke pourtant il n'a jamais été aussi bon. Impérial je dirais même. Vieilli, désabusé, il mesure toute la vanité, le caractère dérisoire de l'héroïsme Jedi à qui il tourne le dos en multipliant les gestes iconoclastes. Il rejoint en cela l'autre personnage majeur du film, Kylo Ren (joué avec intensité par Adam Driver) qui lui aussi souhaite dépasser l'antagonisme stérile Jedi-Sith. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a plus de bien et de mal, leur duel (magnifique) en témoigne. Alors que la bande-son et la couleur du sol et du sabre suggèrent un Kylo Ren toujours submergé par la rage (et le trouble identitaire de Ben "fils de"), il a face à lui une pure force mentale d'une concentration si absolue qu'elle finit même par quitter son enveloppe terrestre.
Enfin il y a deux femmes de caractère à qui le film offre un rôle étendu de commandement. Léia la générale (Carrie Fisher qui aura joué ce rôle jusqu'à la mort) fait usage pour la première fois de la force dans une scène aussi transcendantale que celle de la dématérialisation de son frère. Et la vice-amirale Holdo, jouée par Laura Dern accomplit un sacrifice qui réussit le miracle de nous plonger quelques instants dans le silence du vide spatial. Toutes deux témoignent de l'accès des femmes aux postes à responsabilité et savent remettre vertement à leur place les petits macho trop impulsifs.
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