Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Monte là-dessus! (Safety Last!)

Publié le par Rosalie210

Sam Taylor et Fred Newmeyer (1923)

Monte là-dessus! (Safety Last!)

Monte là-dessus est surtout connu du grand public pour la séquence où Harold Lloyd escalade un immeuble de 12 étages et se retrouve suspendu aux aiguilles de l'horloge. Il est vrai que la scène peut se suffire à elle-même. Elle procure au spectateur son lot de gags et de frissons (même aujourd'hui). Lloyd joue avec le vertige des hauteurs et avec les étages où la variété des gags garantit l'effet de surprise.

Néanmoins il serait dommage de réduire Monte là dessus à cette seule séquence tant le fait de la replacer dans le reste du film en enrichit le sens. Le film.est une fable typique des roaring twenties sur une ascension sociale...vertigineuse. Le capitalisme est en plein essor et le cadre du grand magasin où travaille le héros fait penser au Bonheur des dames (qui se situait sous le second Empire, une autre période de croissance et de modernisation économique). L'escalade est ainsi un coup de pub pour booster les ventes du magasin. D'autre part le héros qui est ambitieux est prêt à s'arranger avec la vérité pour gravir les échelons. Il fait croire à sa fiancée qu'il est directeur, n'hésitant pas à se mettre dans une situation périlleuse. A chaque instant on pense qu'il va être démasqué mais son audace paye, métaphore de l'exploit physique à venir mais aussi d'une certaine idée du rêve américain où la fin justifie les moyens. Le film joue beaucoup sur le trompe-l'oeil. La scène d'ouverture semble montrer un homme en prison. Faux, c'est une gare. Le héros semble être agressé. Faux, ce sont les soldes et les clientes s'arrachent les tissus. Et ainsi de suite jusqu'à la scène d'escalade elle-même truquée et doublée sur les plans d'ensemble par Bill Strothers, acteur-cascadeur qui joue l'acrobate poursuivi par le policeman et que Lloyd doit remplacer "au pied levé". Néanmoins Lloyd a pris de vrais risques et payé de sa personne. Dans les films burlesques muets, le corps des acteurs parlait à leur place il devait être agile, souple et dynamique. C'est pourquoi le parlant et le vieillissement ont souvent été fatals à ces acteurs.

Commenter cet article