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Le Kid/Le Gosse (The Kid)

Publié le par Rosalie210

Charles Chaplin (1921)

Le Kid/Le Gosse (The Kid)

The Kid est considéré comme le premier long-métrage de Chaplin même s'il ne dure que 50 minutes (alors que le Pélerin qui fait 10 minutes de moins est considéré comme un court-métrage). Il fait partie des oeuvres tournées pour la First National qui ne devaient être à l'origine que des courts-métrages. Mais de plus en plus perfectionniste et ambitieux, Chaplin fit durer le tournage du Kid près d'un an, tournant entre-temps Une journée de plaisir avec déjà Jackie Coogan pour faire patienter les distributeurs.

Si le Kid résonne encore si fortement aujourd'hui dans le coeur des cinéphiles, s'il incarne à ce point la quintessence du cinéma qui est de nous faire ressentir des émotions ("un coeur qui bat à 24 images par seconde" comme le disait Godard), s'il marie à la perfection la comédie et la tragédie, le rire et les larmes, s'il capte aussi bien les instantanés de la vie c'est qu'il se nourrit de la substance intime de son auteur. Avec ce film qui raconte une histoire d'amour belle et poignante entre un vagabond et un orphelin, Chaplin exorcise ses propres traumatismes d'enfance. La masure misérable où il vit avec l'enfant reproduit celle où il a vécu et la scène terrible où ils sont séparés de force par les services sociaux et la police, celle où il a été séparé de sa mère quand il était petit pour être placé à l'assistance. On comprend instantanément d'où lui vient sa révolte contre l'autorité et l'injustice. On ressent son besoin énorme d'amour, de tendresse et d'affection. Le miracle est qu'en dépit de toute cette adversité, l'enfant en lui n'est pas mort. Bien au contraire il est retrouvé et adopté par des parents faillibles mais aimants. Le film raconte l'histoire d'une résilience. Il est d'ailleurs probable que le point de départ du film est la mort du premier enfant de Chaplin à l'âge de quelques jours. Dans ses courts-métrages précédents, Chaplin était distant voire hostile aux enfants (dans Charlot Papa, il porte son fils comme un paquet dégoûtant et l'expose à des accidents domestiques par négligence, dans Charlot Policeman il les traite comme des poules, leur envoyant des céréales à la volée, dans Une vie de chien, la place du bébé est occupée par une portée de chiots etc.) Au début du Kid, le vagabond essaye encore sans succès de "refiler le bébé" à d'autres. Mais la nécessité de se reconnecter à son enfance est finalement la plus forte. Et c'est beau.

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