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La rose pourpre du Caire (Purple Rose of Cairo)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1985)

La rose pourpre du Caire (Purple Rose of Cairo)

Annie Hall et Manhattan sont considérés comme les plus grands chefs-d'oeuvre de Woody Allen, ce sont en effet les films de sa filmographie qui reviennent le plus souvent dans les anthologies du cinéma. Mais les films qu'il a réalisés dans les années 80 avec Mia Farrow comptent également parmi ses plus belles réussites. Avec cette interprète (qu'il rend?) exceptionnelle, il réalise de bouleversants et magnifiques portraits de femme. La Cécilia de la Rose pourpre du Caire en fait bien évidemment partie.

Cécilia vit dans deux mondes. Comme beaucoup de gens insatisfaits de leur vie, elle s'évade en allant au cinéma. Un cinéma exotique, kitsch, romantique à des années lumières de la vie réelle. C'est un fait avéré que plus la réalité est sombre, plus l'imaginaire a la cote (les chômeurs des années 30 se ruaient sur les comédies musicales, les cinémas et spectacles parisiens faisaient le plein pendant la guerre). Inversement de nos jours, la grande bourgeoisie se repaît de sordides drames sociaux pseudo-réalistes (double palme à Ken Loach, double palme aux frères Dardenne, palme d'interprétation masculine à La Loi du marché...)

Au cinéma, Cécilia oublie la grisaille de sa vie. Trop rêveuse, elle n'est pas assez réactive pour répondre correctement aux demandes des clients dans le snack où elle est serveuse. Elle se fait sans cesse houspiller avant d'être congédiée. Son mari est un chômeur alcoolique qui vit à ses crochets, la trompe et la bat. Le contexte, celui de la crise des années 30 brise toute perspective. La seule issue semble bien être le rêve. Jusqu'à ce que le héros imaginaire du film "crève" l'écran et entre dans sa vie, créant la pagaille et la confusion au point de faire intervenir dans l'histoire l'acteur qui l'interprète en chair et en os.

Avec cette histoire de film dans le film, Woody Allen célèbre la magie du cinéma et le pouvoir consolateur de l'art sans pour autant en dissimuler le caractère parfaitement illusoire. Ainsi Cécilia préfère choisir l'homme réel et prendre le risque d'être trahie que son rôle fictif qui quelles que soient ses qualités "Je vous aime, je suis fidèle, homme de parole, courageux, romantique et j'embrasse comme un dieu" n'est qu'un fantôme. Il n'en reste pas moins que ceux qu'Allen exalte sont les losers et les marginaux: "Alors que les années frics, les années 80, ne cessent de faire l'apologie, du réel, de la responsabilité tout autant que du cynisme économique, Allen, parfaitement inactuel, exalte les perdants, les honnêtes, les faibles et les victimes ; ceux pour lesquels il fait du cinéma." (Jean-Luc Lacuve)

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