Irma la douce
Billy Wilder (1963)
Le début du film nous plonge dans le ventre d'un Paris fantasmé de carton-pâte avec voix-off qui rappelle le début d'Ariane. Et ce n'est que le premier des nombreux échos aux précédents films de Wilder en particulier Sabrina (pour le conte de fée type Cendrillon avec chaussure perdue et Lord-prince charmant), Ariane déjà cité (pour le mixage du conte de fée et du graveleux), Certains l'aiment chaud (le type impuissant ranimé par les bons soins d'Irma ou qui se retrouve dans un espace confiné entouré de filles) et enfin La Garçonnière (Les parties de cartes se substituant au sexe avec le retour du beau couple formé par Jack Lemmon et Shirley Mc Laine ainsi que plusieurs seconds rôles). On est cependant loin de la finesse et de la profondeur des meilleures œuvres de Wilder. Il faut dire que l'opposition caricaturale entre les deux destins dIrma, celui de l'épouse et maman et celui de la putain n'aide pas. Tout semble outrancier, forcé, artificiel, jusqu'à la pirouette finale fantastique dont le seul intérêt est peut-être de remettre en cause le happy-end en rappelant que Nestor n'a pas avoué ses mensonges à Irma qui est persuadée qu'elle a porté l'enfant d'un autre. Mais le mordant des dialogues ravit (ah ce début parfaitement rythmé où Irma embobine ses clients avec des histoires plus mélodramatiques les unes que les autres sur son passé pour qu'ils ajoutent quelques billets.) Quant à la performance de Jack Lemmon dans un triple rôle (Nestor le policier, Nestor le mac et Lord X) elle vaut le détour. Comme presque toujours chez Wilder, les personnages passent par tout un tas d'épreuves (et d'identités) pour obtenir le droit de "se la couler douce". Alors même si Wilder n'est pas l'auteur du sujet tiré d'une comédie musicale à succès de 1956 (livret d'Alexandre Breffort, musique de Marguerite Monnot) même s'il méprisait le résultat et même si le film a mal vieilli (et dure tout de même 2h30!), il serait dommage de passer à côté.
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