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Fedora

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1978)

Fedora

Dans Boulevard du crépuscule, les statues de cire du cinéma muet hollywoodien défilaient sous les yeux de William Holden. Dans le tout aussi funèbre Fedora, celui-ci assiste 28 ans plus tard à l'enterrement de première classe de l'âge d'or du parlant, celui des tournages en studios, des mélodrames en costumes et des stars divinisées et inaccessibles. Fedora est si abstraite qu'elle est comparable à Garbo, une "page blanche à noircir de rêves" et le film lui-même baigne souvent dans une atmosphère irréelle, quasi-onirique. Le rapprochement est d'autant plus pertinent que Fedora s'est retirée de la scène jeune et en pleine gloire. De plus, Holden lui propose de faire un come back pour jouer Anna Karénine, rôle que Garbo a marqué de son empreinte et elle finit par se jeter sous un train comme son modèle. Mais faire de Wilder un nostalgique de cette époque parce qu'il décoche quelques flèches à l'adresse du nouvel Hollywood est beaucoup trop simpliste. Déjà parce que Wilder dissèque avec jubilation les faux-semblants d'une usine à rêves en décomposition accélérée. Ensuite parce que dans sa deuxième partie, Fedora devient un thriller sur le mythe de l'éternelle jeunesse, le masque, la possession et le dédoublement que l'on peut inscrire dans une longue lignée de Vertigo à La Piel que habito en passant par les Yeux sans visage et les films de Brian de Palma (un cinéaste du nouvel Hollywood justement...). Cinéaste des simulacres, mensonges et autres faux-semblants, Wilder livre encore une fois une oeuvre vampirique complètement hantée à la fois classique et seventies qui mérite d'être redécouverte.

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